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Les exercices de la barre : les grands battements

Les grands battements sont l’un des exercices de la barre demandant le plus de maîtrise de son corps, combinant stabilité du corps, énergie des mouvements, détente et grande amplitude des jambes. Un véritable défi à lui seul !

Souvent considéré comme l’un des exercices les plus difficiles de la barre, nous allons voir ensemble comment aborder la dynamique des mouvements des grands battements, de manière à les rendre plus aisés et ensuite les exploiter au mieux au milieu.

Pourquoi faire les grands battements ?

Pour travailler l’amplitude des levés de jambes

Après avoir fait les battements tendus (au sol), puis en jetés (légèrement levés du sol) et enfin avec les enchaînements d’exercices à moyenne hauteur (fondus, frappés, ronds de jambe en l’air, …), les grands battements sont l’apothéose du levé de jambe. Les muscles postérieurs des jambes se sont étirés graduellement au fur-et-à mesure des autres exercices à la barre et normalement, le corps est prêt à aborder une amplitude de levés de jambe plus grande. Car le but est vraiment de lever la jambe le plus haut possible, mais de la manière la plus rigoureuse, propre et aisée possible. Ainsi nous travaillerons dans cet exercice toutes les étapes d’amplitude et de dynamiques amenant à ce que notre jambe se lève au mieux par rapport à notre morphologie et nos capacités.

Pour renforcer le repoussé de la jambe de terre et libérer le mouvement de la jambe en l’air

Déjà abordé dans les nombreux exercices précédents de la barre, le repoussé du sol par la jambe de terre est un élément d’autant plus crucial dans les grands battements. Sans lui le levé de jambe haut devient laborieux et lourd. Ainsi pendant l’exercice des grands battements nous allons encore plus renforcer cette conscience et action du repoussé du sol, afin de libérer la jambe en mouvement.

Pour utiliser le travail de résistance au sol dans la dynamique du mouvement

Même si la jambe réalisant le mouvement du grand battement doit être libre afin de se lever au mieux, nous avons besoin d’un démarrage au sol puissant. Ce travail de résistance au sol nous permet de créer une dynamique extrêmement utile pour alléger la jambe lorsqu’elle sortira de sa préparation. C’est un travail d’opposition capital dans la dynamique des mouvements des grands battements.

Pour appliquer les dynamiques opposées et forces croisées afin de faciliter le levé de jambe

Ces dynamiques d’élans, de résistances, de poids, de forces, et de contre-forces ont leur pleine utilité dans les hauts levés de jambes. C’est là où l’application de ces notions permet de rendre les grands battements plus simples, légers et faciles. La combinaison de ces dynamiques plus ou moins complexes permet alors de trouver la liberté dans le levé de la jambe et même de rendre les grands battements plaisants voire vraiment agréables.

Comment faire les grands battements ?

En utilisant la résistance au sol au démarrage du grand battement

Tout d’abord, le grand battement se présente, au démarrage du mouvement au sol, exactement de la même manière qu’un battement tendu (Les battements tendus) ou jeté (Les battements jetés). Seule l’amplitude de la jambe en l’air change en terme de hauteur.

Ainsi pour nous permettre de projeter notre jambe avec un maximum de hauteur dans les airs, nous avons besoin d’utiliser encore davantage cette résistance glissée au sol en guise de propulsion à retardement. Telle une rampe de lancement avec la résistance d’un lance-pierre, la conscience de cette qualité de contact au sol nous permettra de libérer l’énergie de résistance dans les airs avec une jambe légère et dynamique.

Cette résistance au sol ne doit pas être trop appuyée vers le sol, car nous avons quand-même besoin de la notion de mouvement glissé pour amener l’idée du mouvement des grands battements. Mais notre résistance au sol ne doit pas non plus être trop légère car sinon nous perdons toute la puissance nécessaire au levé de jambe. Il n’est pas évident au début de trouver le juste dosage entre appui et direction, mais nous pouvons amener l’idée du grattage d’une allumette pour nous y aider. Ainsi visualisons que nous devons appuyer l’allumette sur la boîte d’allumettes, mais en l’amenant dans un certain mouvement pour lui donner l’énergie suffisante de s’allumer. La sortie de l’allumette est alors aussi légère que ce que nous désirons pour notre levé de jambe. Le parallèle se créer donc complètement entre la résistance de l’allumette et celle de notre pied avant le levé de jambe en grand battement.

Résistance au sol de la sortie de jambe dans le démarrage du grand battement

En dessinant un demi-cercle régulier et dans l’allongement lors du tracé du grand battement

Maintenant que la résistance au sol a envoyé notre jambe en l’air, nous avons besoin de la diriger pour qu’elle dessine par le pied un demi-cercle régulier dans les airs. Là se situe souvent notre moment le plus redouté celui du levé de jambe en lui-même. Imaginons alors ce mouvement de grand battement, comme dessiné par un « compas » prenant appui au niveau de l’articulation de la hanche. Le tracé du pied en l’air sera alors régulier et stable depuis la hanche.

Pour obtenir autant un mouvement régulier qu’élevé, nous avons besoin de créer un maximum d’espace dans l’articulation de la hanche et donc d’étendre l’amplitude du dit « compas » imaginaire. Imaginons alors une jambe plus longue, plus étirée depuis l’articulation de la hanche jusqu’au pied. Ce pied devient alors directif, tel le crayon du « compas ». Pour créer cet allongement, nous avons besoin d’une certaine détente dans la hanche.

Comme nous pouvons souvent l’entendre en cours de danse, « levez par le dessous de la jambe ». Nous pouvons le traduire par « utilisez la résistance au sol, dans l’en-dehors, tout en détendant les aines pour libérer le mouvement ». Cela permet de ne pas bloquer l’articulation de la hanche lorsqu’elle est combinée à la dynamique de la résistance au sol. Nous limitons alors l’utilisation des quadriceps (muscles du dessus des cuisses) et favorisons le travail spiralé de l’en-dehors, le tout dans l’allongement depuis les hanches. Le travail de la chaîne postérieure du corps se fait alors plus facilement et sans obstructions (ou un minimum).

Dessin du trajet de la jambe du grand battement en 4ème devant, avec ses dynamiques intrinsèques permettant de libérer le levé de jambe

En conservant une très grande stabilité du côté de la jambe de terre

Bien sûr le mouvement du grand battement du côté de la jambe en l’air est très dynamique et puissant. Ainsi très souvent, il engage un très fort déséquilibre du côté de la jambe de terre si celle-ci n’y est pas un minimum préparée. Pour cela, nous devons prendre conscience de l’importance du rôle que joue la jambe de terre dans la stabilité de l’ensemble du corps dans ce mouvement.

Tout d’abord, il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir des bases concernant la posture en danse classique (Les 5 corrections les plus données en cours de danse classique) : l’auto-grandissement (la correction : Grandis-toi), le repoussé du sol (la correction : Rentre tes fesses), l’élargissement stable du dos (la correction : Baisse tes épaules) et la tenue gainante du ventre (la correction : Rentre ton ventre).

Ainsi, nous avons besoin de rester actif, voir même plus actif du côté de la jambe de terre que du côté de celle en l’air. Soyons vigilants d’avoir un appui stable, large et repoussé depuis les pieds, permettant au bassin de rester soutenu et stable (sans sûr-appui sur la hanche de la jambe qui monte) et les jambes tendues, tout en allongeant le dos avec une belle largeur d’épaules, et un cou long et détendu. L’auto-grandissement sera capital pour conjuguer l’ensemble et rendre ce côté de la jambe de terre fort et stable, tout étant extrêmement monté. Le côté de la jambe de terre devient un socle permettant au côté de la jambe en l’air de trouver sa liberté d’amplitude, guidée dans l’en-dehors.

Bases de posture de corps et dynamiques internes lors du grand battement, permettant de stabiliser le coté de la jambe de terre

En utilisant les notions d’oppositions, de dynamiques et de levier pour faciliter le levé de jambe

Souvent la plus grande difficulté, en dehors de la souplesse nécessaire au grand battement, est de trouver la dynamique permettant de lever la jambe avec le plus d’aisance possible. Les grands battements pouvant être rapides, suivis ou décomposés, nous avons besoin de pouvoir donner une certaine vitesse de levé et descente de jambe. Bien sûr, tout cela sans détruire, le travail de placement et de tenue du corps, ainsi que la qualité du mouvement en lui-même. La complexité de cet exercice réside précisément dans ce dilemme entre qualité et dynamique. Pour cela nous allons pouvoir utiliser certaines oppositions de forces dans le corps, dont certaines feront levier pour aider à la montée de jambe.

Pour cela nous allons utiliser l’image de la « poulie ». Imaginons que cette « poulie » est positionnée du côté de la jambe de terre, au niveau de l’aisselle de l’épaule de la barre. Nous y rattachons un poids du côté de la jambe de terre, juste sous l’aisselle; et de l’autre nous y raccordons notre pied de la jambe en l’air. Maintenant, nous pouvons imaginer le fonctionnement de cette machinerie imaginaire.

Image de la « poulie » pour comprendre les logiques de forces et contre-poids pour lever la jambe en grand battement

Lorsque nous souhaitons lever la jambe, nous imaginons que le poids descend avec plus ou moins de vivacité pour donner un certain élan. Ce fonctionnement amènera, grâce à la « poulie », à lever la jambe de manière plus ou moins dynamique. Cet exemple est valable précisément pour les grands battements à la seconde, mais nous pouvons l’appliquer avec quelques aménagements lorsque nous faisons les grands battements devant et derrière. En 4ème devant, nous changeons juste le placement de notre « poulie » imaginaire, que nous positionnons à l’arrière de notre dos entre les omoplates. Cela permet de conserver un maintient du dos avec un léger appui sur l’arrière (grâce au poids relié à la « poulie ») pour libérer la jambe devant. Et inversement, lorsque nous souhaitons lever la jambe en grand battement arabesque, nous plaçons la « poulie » au niveau du plexus (sous le sternum). Le pied est toujours lié au poids par le biais de la « poulie » qui joue alors le rôle de levier.

Fonctionnement de la « poulie » en grand battement 4ème devant
Fonctionnement de la « poulie » en grand battement arabesque

Ces différents placements permettent de conserver un placement du haut du corps optimum, sans rien déstabiliser, tant en terme de poids du corps, d’alignement, de placement de jambe ou de repoussé du sol. Bien au contraire, ils permettent de mieux sentir l’action de la tenue du ventre, ce qui permet de rendre les différents mouvements des grands battements plus allongés (car sans tensions, ni appuis excessifs dans les hanches) et avec des directions plus précises au niveau des pieds.

Bien sûr, nous devons rester, malgré tout vigilants, à la qualité du départ avec cette résistance au sol essentielle pour tout grand battement. Sans cela, nous laisserions aller le grand battement dans la hauteur sans conscience de son placement et de la qualité d’en-dehors de la jambe qui monte. Donc le grand battement se limiterait de lui-même mécaniquement et avec la fameuse « fesse en l’air ». L’en-dehors permet en grande majorité de trouver la voie du levé de jambe classique, grâce à la rotation de la tête du fémur, qui permet physiologiquement à la jambe de pouvoir se lever, sans déstabiliser le bassin. Lors de toutes ces dynamiques le bassin n’est pas figé, bloqué ou sur-appuyé, mais gainé et soutenu en position neutre (cf la correction : Rentre tes fesses) pour ne pas s’écraser sur la jambe de terre et faire plier le genou de celle-ci.

La combinaison de l’ensemble fait que les grands battements sont l’un des exercices les plus difficiles de la barre lorsque l’on débute la danse classique. Mais il faut y aller petit à petit. Gardons en tête les bases essentielles de posture et de dynamiques pour mettre tous les ingrédients les un après les autres, et ne pas griller d’étapes.

En conservant la qualité du travail de jambe aller dans la retenue du retour de jambe

Bien sur le grand battement n’est pas qu’un aller ! Nous oublions souvent que le mouvement n’est pas définit uniquement par un levé de jambe, mais aussi par la qualité de sa descente. Même lorsque nous pensons que le plus gros effort était de lever la jambe, il n’en reste pas moins que la descente doit bénéficier d’une certaine retenue et amortie pour revenir en 5ème.

Nous pouvons imaginer le mouvement du grand battement dans son trajet d’aller et retour comme celui d’un boomerang. Sa course suit alors une certaine régularité, chaque instant ayant son importance. Utilisons cette conscience du retour jambe pour la mettre en valeur, conserver un tracer de demi-cercle similaire à l’aller, continuer le travail d’allongement de la jambe dans la spirale en-dehors, puis rééquilibrer le poids du corps en conséquence.

Ainsi nous pouvons utiliser le même système de poulie pour rendre la jambe plus légère lors de son trajet retour. Après avoir vu son fonctionnement pour la montée de la jambe, le système de poulie fonctionne aussi pour la redescende de la jambe, en inversant son fonctionnement et en retenant le poids de celle-ci. Ainsi la jambe ne redescend pas comme « une vieille chaussette » comme l’on pourrait l’entendre par certains professeurs. Cette conscience du retour permet une belle qualité de descente de jambe qui pourra nous être précieux dans de nombreux mouvements au milieu.

Fonctionnement de la « poulie » dans la descente du grand battement pour retenir le retour de jambe

En quoi les grands battements nous servent-ils par la suite ?

Nous retrouvons les mouvements des grands battements de manière plus ou moins décomposée, avec ou sans élan dans de nombreux exercices du milieu.

Dans l’adage, par exemple, de part les trajets de chaque battement prenant de la hauteur, dans les arabesques, ou tel quel dans un temps de cuisse, …

Lors des grands tours, nous utiliserons les grands battements pour placer la jambe en l’air en arabesque ou à la seconde, depuis la préparation et avec un certain élan pour initier la giration.

Les grands battements vont nous être utiles aussi dans certains pas de pointes : fouettés arabesque, fouettés à l’italienne, grand enveloppé, … Dans ces mouvements, les grands battements amènent une giration de corps, soit dissociée, soit coordonnée, du mouvement de la jambe en lui-même.

Mais c’est dans les grands sauts que les grands battements vont nous servirent le plus : dans la majorité des appels de grands sauts, pendant les mouvements du saut et pour certains en fin de course du pas de grand saut (pendant l’atterrissage sur une jambe).

En voici quelques exemples :

  • grand jeté en tournant
  • grand jeté (tendu, développé et croisé)
  • grand assemblé
  • grand saut de basque
  • grande sissonne
  • révoltade
  • saut de chat Balanchine
  • grande cabriole
  • ciseaux

Lorsque nous utilisons le grand battement dans l’appel de grand saut, le placement de la jambe avec amplitude et élan sert à amener le reste du corps (bassin, haut du corps et 2ème jambe) à la même hauteur que celui-ci. Ainsi le niveau de la jambe envoyée en grand battement devient un repère pour la hauteur du saut en lui-même, comme une sorte de guide. Et l’élan directionnel que nous lui donnons devient comme une « locomotive » tractant le reste des « wagons » du corps.

Lorsque nous utilisons le grand battement pendant le saut ou en finalité du saut, cela nous sert :

  • pour prolonger la suspension du grand saut dans les airs (grand jeté simple et en tournant, …)
  • pour participer aux différents changements de positions du corps ou des jambes pendant la suspension (ciseaux, …)
  • pour aider à finir le mouvement sur une jambe en l’air, arrêtée ou fixée un instant (cabriole ou grand jeté en tournant arrêtés, …)

Dans ces différents cas de figures, le grand battement sert alors pour accentuer les lignes directrices du reste du corps lors de certaines positions ou mouvements.

Prochain article sur les exercices du milieu et ses défis.

2 commentaires

  • Caroline Lagrange

    Merci beaucoup pour cet article très intéressant et une fois encore très riche en détails et images.
    Les grands battements sont un exercice sur lequel je peine énormément et j’espère pouvoir enfin le travailler de façon raisonnée et efficace ! 🙂

  • Caroline

    Je relis à l’instant votre article car nous préparons une chorégraphie sur scène qui comprend des grands battements.

    Depuis quelques mois c’est un exercice de la barre que je ne déteste plus (première petite victoire !), mais les reussir au milieu, notamment en 4e et arabesque est un véritable défi ! La difficulté pour moi se situe au niveau du buste qui a tendance à s’affaisser (pour la 4e surtout). Le battement arabesque est quant à lui très très raide dans tout le corps et je me demande parfois si cette raideur ne devance pas le battement en lui même l’empêchant d’être proprement réalisé et de trouver son amplitude.

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