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La blessure chez les danseurs : un sujet tabou ?

En cette pleine période d’auditions et de concours d’entrée pour être engagés dans de grandes écoles ou dans une compagnie de danse, nous avons tendance, en tant que danseurs, à moins écouter notre corps et ses « petits ou grands bobos » pour être à notre plein potentiel le jour J.

De plus en cette période très complexe de la Covid-19, nous vivons le confinement, l’arrêt des cours de danse pour les amateurs en présentiel et l’absence des spectacles pour les pré-professionnels et professionnels. C’est tout ce qui fait notre métier, notre passion, qui nous est enlevé. Tout ce qui nous permet d’acquérir plus d’expériences et d’assurance grâce à la scène, mais aussi grâce aux différentes rencontres de professeurs, chorégraphes et autres élèves… Du coup, nous pouvons nous mettre beaucoup de pression pour continuer d’évoluer et de progresser peu importe les conditions (sol dur, espace restreint, faux mouvements …). Et les blessures peuvent malheureusement arriver au pire moment et devenir un véritable fardeau physique mais aussi psychologique.

Dans le monde de la danse amateur, une blessure peut être très embêtante et signifier de manquer le spectacle de fin d’année, un stage ou quelques cours de danse, ou encore d’arrêter pendant quelques temps une passion-loisir. Dans le monde professionnel et pré-professionnel, cela peut signifier bien plus, comme des auditions loupés, des opportunités de rôles ou de rencontres chorégraphiques manquées, ou dans le pire des cas la fin d’une carrière ou d’un cursus pré-professionnel.

La peur de l’arrêt ?

L’image négative de l’arrêt et la peur de ses conséquences

Dans l’inconscient collectif du monde de la Danse, l’arrêt pour raisons médicales (blessures ou maladie) possède toujours une connotation négative. Cela tant pour le danseur en question , que pour les personnes du monde de la Danse qui l’entourent (staff, professeur, maître de ballet, directeur, autres élèves ou collègues,…).

On y voit malheureusement encore trop souvent une marque de faiblesse physique, de quelqu’un de trop douillet, ou au faible mental,… Du coup on assimile l’arrêt à quelqu’un qui a tendance à trop s’écouter, à ne pas passer suffisamment outre passer les petites douleurs typiques liées au métier de danseur, et à ne pas être finalement un danseur suffisamment fiable et digne de confiance sur la durée en terme de résistance et de gestion de la pression.

De toutes ces conclusions hâtives et malheureusement encore trop ancrées dans les mœurs du métier, le danseur veut à tout prix éviter l’arrêt ! De par la peur de ne plus être autant apprécié, de ne plus être bien distribué, voir d’être même viré en fin de contrat ou cursus, les danseurs préfèrent souvent de ne pas écouter leur corps. La peur de manquer des cours, des répétitions ou des spectacles se cumule avec la pression de cet inconscient collectif très pesant. Ainsi la politique de l’autruche pour éviter l’arrêt peut très bien fonctionner mais jusqu’à un certain point seulement. Nous l’apprenons tristement à nos dépends au cours de notre carrière ou de nos années d’école.

Quand l’arrêt devient inévitable pour le corps

Malheureusement ou heureusement cette politique de l’autruche a ses limites. Ces limites sont très variables d’une personne à une autre, et peuvent être même extrêmes pour certaines. Mais souvent à un moment donné, le psychisme ne peut plus absorber toute la douleur qui devient alors insupportable et insurmontable pour danser. Le corps et la tête disent stop ! Il est alors temps de prendre les choses enfin en mains (même si souvent trop tardivement) et d’enfin se soigner réellement. Souvent l’arrêt devient alors inévitable pour enrayer l’aggravation de la blessure et leurs compensations, et enfin permettre une bonne prise en charge médicale. Le rétablissement se fera alors de manière plus effective.

Heureusement les mœurs et habitudes changent… La vision des blessures et de leur prise en charge devient plus sportive. Les danseurs s’autorisent à écouter leur corps dès les premières alertes, et les prises en charge médicales sont de plus en plus efficaces. Cela permet ainsi de limiter au maximum la durée et la pénibilité des arrêts. Malgré tout dans certains cas de blessures graves et malgré une prise en charge médicale immédiate, l’arrêt reste inévitable dans de nombreux cas (opération, désinflammation, solidification, cicatrisation,…). Il existe aussi les arrêts de courte durée permettant d’éviter à une petite blessure de prendre de l’ampleur et de demander par la suite entre 2 à 10 fois plus de temps d’arrêt que celui initial. Ces arrêts de quelques jours limitent ainsi les dégâts et permettent de reprendre une activité dansée adaptée juste après (sans avoir trop perdu au niveau professionnel par exemple). Mais ce type d’arrêt ne convient pas à tous types de blessures, et seul un médecin peut le déterminer et en connaître le bénéfice éventuel ou non.

L’arrêt souvent essentiel pour combiner esprit et rétablissement

Quelques fois, les blessures peuvent être liées à un état psychique ou émotionnel très spécifique du moment (stress, remise en question, problèmes personnels,…). La blessure arrive, puis est traitée médicalement, mais certaines étapes de la convalescence ne se passent pas et le rétablissement stagne sans aucune raison. A ce moment là, l’arrêt peut-être pris comme une véritable introspection, permettant d’éliminer ou d’amenuir l’élément déclencheur environnemental, soit de faire un véritable cheminement intérieur personnel pour aller de l’avant et enfin finaliser sa guérison.

Dans le sport de haut niveau, la part psychologique dans les performances sportives est indéniable et a fait ses preuves. L’accompagnement mental commence à parvenir jusqu’au monde de la Danse, mais reste encore assez exceptionnel pour l’instant. De nombreux avantages s’en dégagent pourtant, avec une meilleure préparation aux concours et auditions, un suivi de carrière et une meilleure appréhension de la gestion de la pression liée à certains rôles ou productions,… Avoir une meilleure connaissance de soi, non seulement au niveau physique mais aussi mental, permet de pouvoir limiter dans certains cas certaines blessures liées à notre instabilité émotionnelle. D’autres fois, ce suivi va nous aider à remonter la pente lorsque les blessures et leurs conséquences impactent trop sur notre mental et nos espoirs de reprise (longs arrêts ou blessures répétitives). Dans tous les cas, lorsque le coaching mental ne suffit pas ou plus, il devient utile de faire appel à un spécialiste (psychologue, psychiatre, pédopsychiatre, …) pour nous aiguiller et éviter de passer à côté d’un trouble plus grave.

Ainsi, peu importe s’il y a arrêt ou non, une blessure peut complètement déstabiliser une personne. Il est alors très important que cette personne soit bien accompagnée, aiguillée et soutenue pour revenir le plus tôt et le plus en forme possible les chaussons de danse aux pieds.

Quelles sont les erreurs typiques du passé ?

De part différentes expériences vécues ou témoins au cours de ma carrière, j’ai pu remarquer qu’un certain schéma de réactions se met en place, souvent lors des premières blessures ou celles qui arrivent au « mauvais » moment. Dans les premiers temps de carrière ou dans notre jeunesse, en voulant éviter de manquer nos opportunités de danse, nous avons très souvent tendance à vouloir éviter ce fameux arrêt. Nous évitons donc de prendre immédiatement en charge la blessure naissante ou déjà bien établie et avons dans un premier temps tendance à nous mentir pour éviter de faire face à la réalité.

Ce schéma est souvent le moins bon pour nous, danseurs. Nous nous créons des faiblesses ou séquelles qui nous suivront la plupart du temps toute notre carrière (inflammations chroniques, fragilité osseuse, arthrose précoce,…). Voyons ensemble plus précisément quelles sont les étapes typiques de ce mode de gestion de la blessure.

S’inquiéter mais malgré tout minimiser

Dans un premier temps lorsque la douleur d’une blessure arrive, elle peut être par décharge, par pression, lancinante ou sourde, précise ou diffuse,… Certaines sont brutales et stoppent net l’instant dansé. A ce moment là, il n’y a généralement pas de doute sur la gravité de la blessure et la personne ne peut que faire face à cette blessure directement, en s’arrêtant et en allant voir son médecin (car elle ne peut plus continuer de danser).

Mais dans d’autres cas, la blessure arrive petit à petit, de manière presque vicieuse. Elle est souvent dû à une sur-sollicitation musculaire ou articulaire (liée à certains mouvements répétés, une fatigue, un faux mouvement, etc…). Ce type de blessure nous laisse souvent dubitatif. Nous avons alors tendance à se dire que « cela ne doit pas être grand chose » car cela ne nous empêche pas réellement de danser. Ces blessures se traduisent d’abord par un certain inconfort dans certains mouvements de danse, par quelques légers pics de douleurs puis plus rien. Donc nous nous inquiétons au début, puis finalement nous nous disons que cela va bien « passer » ! Là, débute un certain déni de la blessure. Nous la minimisons et pensons pouvoir la gérer dans le temps. Certaines fois cela fonctionne, d’autres fois malheureusement beaucoup moins ! De plus, nous avons généralement tendance à nous dire que cela ne vaut pas la peine de déranger le médecin pour cela. A tort ou à raison, l’avenir nous le dit généralement assez rapidement !

Ne pas écouter les alertes et douleurs de son propre corps en retardant la prise en charge médicale

Donc malgré les alertes plus ou moins répétées de notre corps, quelquefois nous refusons réellement de l’écouter. Le contexte environnemental d’une blessure joue un rôle fondamental. Par exemple, si nous sommes dans une période avec de grands enjeux pour notre carrière ou futur pré-professionnel, nous ne souhaiterons pas qu’une blessure entache cette période pleine de promesses pour notre avenir. A l’inverse si nous sommes dans une période plus creuse (vacances par exemple, etc…) la tendance sera soit d’être davantage à l’écoute de notre corps, soit au contraire de le délaisser d’une certaine manière, en se disant que cela va se soigner tout seul (erreur, car ce n’est que rarement le cas).

Pendant les périodes intenses, soigner sa blessure ne devient hélas plus le centre de l’attention. Seule sa gestion devient primordiale pour ne pas nous empêcher la pratique de la danse. Cette période très critique, où la « politique de l’autruche » est reine, peut faire énormément de dégâts sur le corps. Malheureusement pas seulement sur la blessure en question, mais aussi sur tous les lieux compensatoires du corps, que nous éprouvons davantage. Nous essayons de passer outre la douleur, et pour cela nous utilisons tous les subterfuges que notre corps (et souvent les médicaments aussi) puisse proposer. Ces compensations musculaires ou articulaires deviennent à leur tour des lieux d’inflammations plus ou moins importants. Le plus souvent ils sont sûr-sollicitées et de manière non optimale, pouvant aller jusqu’à la blessure eux-mêmes.

Arriver au point de rupture physique, exigeant un arrêt plus important et immédiat

L’accumulation de la gestion de la blessure initiale, puis des compensations qui lui sont liées, peut tenir un certain temps, mais est loin d’être éternelle. Et lorsque l’ensemble atteint son point de rupture, la chute est d’autant plus rude et brutale !

Premièrement, il y a le choc de ne plus pouvoir continuer…. De ne plus pouvoir continuer vivre sa passion, finaliser un projet, un objectif personnel, une échéance professionnelle. La déception qui en découle est souvent immense ! C’est mentalement que c’est le plus difficile à accepter. Souvent on en veut presque à son corps de ne pas avoir suffisamment tenu ! La colère peut nous envahir. C’est humain et c’est presque un processus de deuil qui commence…

Ensuite, il y a la prise de conscience médicale qui s’opère, avec l’annonce des conclusions des professionnels de santé. Souvent très difficiles à entendre… Le retardement de la prise en charge médicale réelle de la blessure donne souvent droit à une « addition très salée » ! Les temps d’arrêt et les protocoles de soins sont à ce moment beaucoup plus lourds et longs que s’ils avaient été pris en charge plus tôt.

Enfin, passée cette étape des annonces, nous prenons conscience de la situation réelle et faisons un récapitulatif personnel de ce que nous « aurions dû faire ou ne pas faire ». Malheureusement cela ne sert plus à rien au niveau médical. Mais souvent cette introspection nous ouvre les yeux sur notre comportement, déni ou retardement volontaire de la prise en charge médicale de la blessure, et sur ses conséquences. Une leçon de vie à retenir (si possible) pour les prochaines blessures, afin d’éviter de les reproduire ! Nous n’avons qu’un seul corps…

Comment gérer une blessure ?

De ce schéma de réactions peu positif au final, se pose alors la question d’une meilleure gestion de la blessure en général chez le danseur. De déterminer quand il devient nécessaire de prendre au sérieux une douleur, comment la soigner et gérer une carrière où la blessure fait partie intégrante du métier ?

Heureusement, le monde médical autour du sport et de la Danse se spécialise chaque jour davantage pour permettre aux danseurs de bénéficier des meilleurs soins possibles. Dans tous les cas, appuyons-nous sur leur expertise pour nous accompagner, nous conseiller et nous soutenir dans les périodes les plus troubles et redoutées du métier de danseur. Rien ne remplacera l’avis d’un médecin et encore mieux d’un spécialiste !

Quand s’inquiéter et agir ?

La première chose à faire lorsque nous ressentons une douleur est de déterminer dans quel(s) mouvement(s) spécifique(s) nous la ressentons. Ainsi nous allons pouvoir en déterminer le type mouvement à son origine : rotation, flexion, extension, pression, traction, … Ensuite vient le moment d’en analyser son intensité : aiguë, précise, lancinante, constante, diffuse, sourde, avec une sensation de pression, de picotement, à l’appui, à l’effort, au repos,… Puis on peut vérifier aussi visuellement et au toucher, si la douleur correspond à une caractéristique physique apparue juste après la première douleur : une bosse, un bleu, un creux, un gonflement,… Tous ces éléments sont extrêmement importants et aideront votre professionnel de santé à déterminer par la suite, quel type de blessure est-elle et son niveau de gravité.

Seule une douleur ne doit pas trop vous alarmer : les courbatures. Cette douleur correspond à un mouvement répété ou réalisé de manière assez intensive la veille de l’apparition des douleurs. Elles apparaissent au lendemain d’un effort à la suite de plusieurs jours de repos ou après avoir abordé un nouveau style ou pas particulier. Les courbatures peuvent être plus ou moins paralysantes. Elles peuvent s’étaler sur plusieurs jours de suite, en fonction de l’intensité des efforts et exercices fournis les jours suivants. En règle général, ce n’est pas grave, juste très désagréable. Un très bon échauffement et quelques étirements peuvent aider à conserver une certaine souplesse et amplitude de mouvements. Mais seules la patience et la persévérance viennent à bout des courbatures, le temps que le corps s’(se) (ré)habitue à l’effort.

Sinon, dans l’ensemble toute douleur doit être prise en compte avec attention, aussi petite soit-elle. N’ayez pas peur de déranger en demandant l’avis d’un professionnel de santé. Il vaut mieux être trop prudent et ressortir rassurer d’un rdv, que d’avoir trop tardé. N’ayez pas peur d’apparaître comme trop douillet, mais plutôt comme quelqu’un de prévenant et attentif à votre corps. C’est votre outil de travail, de passion, il mérite toute votre attention.

Qui aller voir ?

Un professionnel de santé ! Et qui plus est, en qui vous avez entièrement confiance, ce serait parfait !

  • L’idéal est un médecin sportif qui connaîtra les contraintes et les lésions types liées à votre pratique. Il fera un diagnostic et au besoin vous demandera d’aller réaliser certaines images (échographie, radiographie, IRM, scanner, …) pour confirmer ou réfuter ses hypothèses en cas de doutes. Il vous orientera vers les chirurgiens spécialisés en cas de nécessité d’opérer. Le médecin vous conseillera également sur le protocole de soins à adopter pour une remise sur pieds, avec une estimation de votre temps de convalescence avant une reprise progressive. Lui seul pourra vous proposer (ou imposer avec votre accord) un arrêt officiel et un suivi médicamenteux si nécessaire.
  • Un kinésithérapeute, qui pourra vous aiguiller vers le médecin adéquat en fonction de votre pathologie. Il pourra aussi vous suivre pour la rééducation de la zone blessée et de celles en lien avec celle-ci. Cela permet d’optimiser vos chances de reprise dans les meilleures conditions.
  • Un ostéopathe qui vous aidera à rééquilibrer votre corps au niveau structurel afin de permettre d’amenuir certaines tensions dans le corps qui pourraient être liées à votre blessure.

Certains danseurs vont aussi ressentir le besoin d’aller voir d’autres types de praticiens avec des méthodes plus ou moins reconnues afin de soulager leurs maux : acupuncteur, chiropracteur, mésothérapeute, magnétiseur, rebouteux, hypnothérapeute, … Tout cela reste très personnel, mais tout ce qui compte, c’est que vous soyez accompagné par quelqu’un de confiance qui saura vous guider comme il se doit dans votre rétablissement et/ou suivi médical.

Quelle décision prendre ?

Entre les conclusions de votre médecin et celle que vous espériez, souvent il y a gouffre. Il n’est alors pas simple, lorsqu’on débute dans le métier de ne pas vouloir suivre à tout prix nos émotions de passionnés de Danse. L’envie de reprise trop rapide ou même de continuer à danser sur la blessure, peuvent être alors catastrophiques. Dans certains cas, le dilemme ressenti par le danseur peut-être écrasant et empêcher une vraie prise en charge médicale. Mais les faits, malheureusement, donnent la plupart du temps raison au médecin.

C’est là, que la confiance en notre médecin est primordiale. Elle permet de vrais échanges constructifs et raisonnés entre le médecin et vous-même. Et permet , au final, de prendre la meilleure décision entre vos impératifs professionnels (ou pré-professionnels) et le raisonnement médical. C’est souvent une épreuve de la vie pour nous danseurs ! Cela créer énormément d’anxiété et de stress dans le choix de la décision à suivre, autant pour l’instant présent que pour l’avenir. Et si vous avez quelques doutes sur le pronostic d’un de vos médecins ou personnel de santé, n’hésitez pas à chercher un deuxième voir un troisième avis chez un autre médecin. Mais écoutons et suivons autant que possible les préconisations des professionnels de santé. Même si c’est à contre coeur dans certains cas, ce n’est que pour notre bien !

Comment gérer la situation ?

Ensuite, lorsque la décision est finalement prise en toutes connaissances de cause, vient le moment de l’annoncer auprès des personnes qui vous managent (professeur, maître de ballet, directeur, …). Cette annonce n’est jamais simple, d’autant plus quand la blessure est sévère et impacte sur la suite de votre scolarité, saison ou carrière, … Mais alors comment la gérer ?

Tout d’abord il faut être honnête et transparent autant que possible sur le type de blessure et le temps que cela va prendre pour vous en remettre. Rassurez votre interlocuteur sur le sérieux de votre prise en charge médicale et sur le fait que vous reviendrez en pleine forme (si tel est le cas bien sûr). A ce moment là, votre parcours professionnel ou pré-professionnel, pourrait être remanié pour s’adapter à votre blessure (être enlevé de certaines danses plus douloureuses ou inadéquates pour l’instant, décaler un examen quelques semaines plus tard, etc…). Malheureusement ce n’est pas toujours possible et de temps en temps, certaines décisions restent difficiles à prendre ou restent dans le flou. Aussi, certaines blessures plus complexes ou lourdes ne permettent pas de donner des informations précises pour une projection sur l’avenir. Dans tous les cas, restez honnête et transparent, informez-le de chaque étape de l’évolution de votre blessure, et espérez que votre interlocuteur sera suffisamment compréhensif pour continuer de projeter votre avenir avec lui (compagnie ou école).

Il y a aussi la gestion du rétablissement avec les soins divers et variés, et les rdv à droite et à gauche, pour vous aider à reprendre au plus vite et dans les meilleures conditions. Ce processus de rétablissement, souvent en dents de scie, est parfois difficile à vivre. Alors restez entouré et guidé pour conserver le cap d’arrivée en ligne de mire ainsi la foi en votre retour dansé.

Quand et comment reprendre ?

Au bout d’un moment, votre médecin ou kiné vous fera part de votre évolution dans la gestion de votre blessure et vous autorisera à reprendre progressivement la danse. Le plus souvent, cela passe par une phase de rééducation, montant crescendo en terme d’intensité, de puissance et de type d’exercices. Puis on vous autorisera, voir même on vous conseillera, de ne pas arrêter toute pratique sportive durant votre convalescence. Ainsi la pratique de disciplines parallèles dites douces (Pilates, yoga, Gyrotonic, …) peuvent aider à se maintenir en forme, au moins du mieux possible, pour faciliter une reprise de la danse par la suite. Durant la période de reprise vous pourrez aussi en intensifier leur pratique.

Puis arrive le moment de remettre une main à la barre et de reprendre en douceur les exercices quotidiens du danseur. Durant cette phrase, il est important de rester très à l’écoute de son corps. Vous pouvez en parler, si besoin, avec votre praticien de santé, afin de savoir si les sensations encore désagréables voire douloureuses sont normales, et si vous pouvez passer outre ou rebrousser un peu chemin dans votre reprise. C’est une période de nombreux doutes où l’accompagnement est plus que capital pour éviter les erreurs ou la baisse de moral. Mais le corps est une machine incroyable et il pourra vous surprendre en lui accordant une reprise adaptée et progressive.

Enfin lorsque les exercices de la barre paraissent plus simples et maitrisés, on peut aborder le milieu. Là aussi avec une intensité et une évolution maîtrisée. Il ne faut pas brûler les étapes de reprise au risque de se voir revenir à un état très antérieur. Nous jouons alors le rôle d’un équilibriste entre dépassement de soi et écoute du corps. L’exercice n’est vraiment pas simple mais avec un peu , voir beaucoup de patience, ce sera chose faite !

Pour finir, il y a la reprise professionnelle en répétitions et spectacles, où la communication avec vos dirigeants est extrêmement importante. Vous pourrez déterminer ensemble, sur quelle type de danse ou ballet vous pensez pouvoir reprendre pleinement ou juste à mi-temps (sur des rôles adaptés). Puis ensuite de les informer quand vous vous sentirez en pleine possession de vos moyens pour pouvoir reprendre pleinement. Ces échanges sont très importants et permettent d’éviter les blessures de reprise en voulant aller trop vite et trop fort tout de suite. Dès lors que vous vous sentirez prêt, reprenez vos projets et votre Danse pour le plaisir de tous et d’abord de vous-même !

Si vous êtes vous-même blessé ou connaissez un proche qui l’est, entourez-vous au maximum de professionnels de santé qui connaissent un minimum la danse afin de comprendre vos problématiques et les exigences du métier. N’hésitez pas à demander des conseils ou des coordonnées de médecins ou professionnels de santé spécialisés, à vos collègues, professeurs, ou encore école de danse. L’entraide est essentielle en cette période. Bon courage !

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