Les exercices de la barre : les petits battements sur le cou de pied
Comme une suite logique après l’exercice des battements frappés, le travail des petits battements sur le cou de pied, nous permet d’aborder la virtuosité du bas de jambe. Cette exercice de la barre en apparence peu exaltant devient un vrai challenge de rapidité, de musicalité et de précisions.
Voyons ensemble comment réaliser l’exercice des petits battements sur le cou de pied de manière à le rendre agréable, vif, efficace et presque amusant !
Pourquoi faire les petits battements sur le cou de pied ?
Pour continuer le travail d’isolation du bas de jambe à la suite des battements frappés
Nous avons pu voir dans l’article sur les battements frappés, un certain travail d’isolation du bas de jambe de la jambe en l’air, par rapport au reste du corps. Dans l’exercice des petits battements sur le cou de pied, nous continuons ce travail d’isolation du bas de jambe et le complexifions autant en terme de mouvements que de rapidité. Les battements frappés sont ainsi la base incontournable du travail des petits battements, nécessitant d’en avoir compris et acquis les mécanismes bien avant.
Pour aborder le travail de rapidité technique et musicale du bas de jambe
Étant le prolongement de ce travail d’isolation du bas de jambe des battements frappés, les petits battements nous font travailler la détente musculaire de certaines parties de la jambe. La détente trouvée dans l’articulation du bas de jambe permet de réaliser des mouvements plus petits, plus précis et rapides. Ainsi plus le battement frappé se miniaturise, plus il prend en qualité et rapidité. La musicalité devenant ainsi mise en valeur par la précision, et inversement.
Pour renforcer l’en-dehors dans la rapidité
Malgré la virtuosité qui doit se dégager des petits battements sur le cou de pied par la rapidité et à la précision, une très bonne qualité du mouvement ne peut que nous faciliter la tâche. Ainsi le travail de l’en-dehors pourra être amélioré avec la compréhension du trajet du bout de pied. Plusieurs écoles existent au sujet du placement du pied sur la cheville de terre, mais toutes ont cette conscience du cheminement et de sa qualité lors du trajet du pied d’un côté à l’autre de la cheville de terre.
Comment faire les petits battements sur le cou de pied ?
Tout d’abord, en quoi consiste cet exercice des petits battements sur le cou de pied ? Il s’agit de petits battements frappés suivis, qui deviennent tellement petits qu’ils finissent par faire de petits aller-retours entre le devant et l’arrière de la cheville de terre.
La jambe dessinant les petits battements ne s’écarte que très peu de la jambe de terre, et chemine par la seconde entre chaque coupé en ne se tendant jamais. Comme pour les battements frappés, seul le bas de jambe reste mobile pour permettre une agilité renforcée du mouvement et rendre les petits battements les plus rapides possibles.
L’exercice des petits battements sur le cou de pied permet de nombreuses variantes. Soit pris depuis la 2nd ou la 5ème pour la préparation, puis réalisés de manière arrêtée, saccadée, ou suivies, ou enfin finis pointés ou en en coupé. Le tout sur plié, tendu ou demi-pointes, etc …
Il y aussi différentes versions concernant le positionnement du pied en coupé (les deux premiers pour le petit battement devant et le dernier pour celui derrière) :
- soit complètement devant avec le bout des orteils sur le devant de la cheville et le talon décollé de la jambe de terre vers l’avant
- soit enroulé avec le talon devant la cheville et le bout de pointe derrière la cheville
- soit complètement derrière avec le talon collé à l’arrière de la cheville et le bout des orteils décollés vers l’arrière
Les possibilités sont nombreuses mais demandent toutes les mêmes qualités de précisions et vitesse. Voyons ensemble comment…
En soutenant sous la cuisse pour libérer le bas de jambe
Tout comme dans les battements frappés, le haut de cuisse est stable (positionné comme dans un battement jeté) et le bas de jambe est mobile. Pour permettre cette libération du bas de jambe nous allons devoir conserver un certain maintien du haut de cuisse. Nous pouvons alors assimiler cela à un portage du dessous de la cuisse grâce à une « écharpe ». Cette stabilité trouvée grâce à ce gainage du haut de cuisse permet de laisser le bas de jambe libre comme l’effet « bras mort » d’un pantin.
Image écharpe en coupé
Bien sûr, la cuisse est positionnée dans l’en dehors avec une direction du devant du genou (rotule) à la 2nd. Cette attention toute particulière portée à cette direction ne doit pas rendre le côté de la jambe de terre passif. Au contraire, penser les directions des deux cuisses (de terre et en coupé) dans l’en-dehors permettra de stabiliser avec plus de facilité les hauts de jambes et de continuer à les rendre actives malgré leur rôle de point fixe.
En détendant sous le genou pour activer la rapidité du bas de jambe
Ensuite pour permettre de prendre en rapidité tout en conservant une certaine fluidité du geste, nous allons devoir acquérir un maximum de détente sous le genou (évitons les crispations sous le genou) !
Les petits battements sur le cou de pied peuvent être considérés comme des rebonds depuis la cheville de terre. Ainsi imaginons des minis-trampolines de chaque côté de la cheville de terre, nous permettant ainsi au bout du pied de repartir dans le mouvement suivant de manière légère et rapide, tel un rebond. Plus il y a de détente, plus la rapidité est présente. Plus il y a une volonté acharnée d’aller vite, plus il y a de tensions, et la rapidité devient alors difficile et digne d’un vrai combat avec son propre corps.
Pour éviter cela et rendre la tâche plus aisée, en plus d’éliminer toute tension superflue sous le genou, la précision de la trajectoire du mouvement sera notre véritable alliée. Le bout de la pointe (et donc par conséquent aussi tout le bas de jambe) dessine une sorte de couloir latéral légèrement en ellipse, entre chaque petit battement de devant à derrière et de derrière à devant, etc … A aucun moment, même dans le plus rapide des passages nous ne devons oublier de passer par ce décollement latéral de la pointe du pied par rapport à la cheville de terre. Plus les petits battements sont rapides moins ils se décollent de la cheville mais ils doivent absolument continuer de passer par cette trajectoire aussi minime soit-elle. C’est le secret pour éviter de « gratouiller » la cheville tout en allant vite, et ainsi éviter par conséquent une déstabilisation de la jambe en l’air se tournant alors vers l’en-dedans.
Ce principe de trajectoire nous permet d’avoir un bas de jambe plus précis et donc moins aléatoire, ce qui nous sera bien utile dans certains mouvements au milieu, comme dans la petite batterie par exemple !
En renforçant l’en-dehors par le mouvement des pieds
Enfin, l’activation de l’en-dehors lors de chaque étape du mouvement des petits battements sera un vrai plus dans notre travail. Comme nous venons de le voir, pour conserver une plus grande stabilité, nous avons besoin de gainer dans l’en-dehors notre haut de jambe. Quand à notre bas de jambe, nous avons la possibilité d’engager encore davantage son en-dehors en le mobilisant grâce à la position du pied. Le talon en avant est très présent et permet cette mise en valeur de l’en-dehors du bas de jambe. Celui-ci n’est pas qu’esthétique, bien au contraire ! Il permet de finaliser l’en-dehors de la jambe entière dans une spirale prenant naissance au niveau de l’aine/sous fessiers et se finissant en bout de pointe.
Même si la jambe de terre ne réalise pas la même complexité de mouvements nous devons faire travailler conjointement les deux jambes dans l’en-dehors et l’allongement. C’est le début d’un travail pour globaliser et affiner la perception de notre corps malgré les isolations dynamiques de certaines de ces parties.
En abordant l’exercice avec une notion de tenue globale du corps
L’un des problèmes majeurs qui ressort dès lors que nous acquérons vitesse et précisions dans l’exercice des petits battements est celui de s’auto-secouer l’ensemble du corps. En étant tonique et volontaire dans cet exercice, tout notre corps a tendance à se raidir et se secoue en écho au mouvement du bas de jambe. Il n’est vraiment pas simple d’éviter ce phénomène. Néanmoins, pouvoir le canaliser peut nous permettre de préparer dès la barre, le travail que le bas de jambe aura besoin de retrouver dans certains mouvements au milieu (cf paragraphe suivant).
Ainsi l’action du bas de jambe et son isolation du haut de jambe a alors besoin d’être renforcée dans la plus grande détente. Donc en premier lieu, la détente trouvée sous le genou a besoin d’être encore plus prononcée.
Nous devons en second lieu, maintenir une stabilité du corps active dans le repoussé du sol. Cette stabilité est renforcée principalement par la tenue du ventre et du bassin en général (toujours dans le soutien et l’allongement). Car si nous nous tassons sur notre jambe de terre, ce secouement de corps s’amplifiera. Alors qu’au contraire, si nous nous maintenons montés et actifs dans l’allongement et l’en-dehors, ces effets s’atténueront.
En quoi les petits battements sur le cou de pied nous servent-ils pour la suite ?
Nous retrouvons les petits battements sur le cou de pied dans certains enchaînements de pas de variations ou d’exercices au milieu. Ainsi comme pour la variation de Giselle acte I, nous pouvons retrouver les petits battements tels quels, entre deux pointés devant… Ils font partis du phrasé chorégraphique et permettent d’agrémenter la chorégraphie avec un pas tout en légèreté.
En dehors, de sa place chorégraphique, l’exercice des petits battements sur le cou de pied peut nous être utile dans différents domaines.
Tout d’abord en terme de liaison, lors du passage du pied par le coupé cheville ou le retiré au genou. Il permet ainsi de mettre en lien deux positions qui ont un trajet passant au niveau de la jambe de terre. Souvent dissimulés dans le mouvement, il est parfois bien difficile de s’en rendre compte. En voici quelques exemples:
- Lors d’un fouetté-détourné développé devant. La liaison entre la position de la jambe à l’arrière à celle à l’avant, demande un certain contournement de la jambe de terre qui peut se faire par une sorte de petit battement.
- Lors des fouettés de coda, nous retrouvons le même principe, avec le passage de la position à la 2nd à celle en 4ème devant passant par le retiré genou (localisation du petit battement).
Puis nous retrouvons l’utilité des petits battements sur le cou de pied, sur toute la petite batterie, avec différentes nuances. Le point commun à toutes ces nuances, est le fait d’utiliser l’ouverture latérale et en ciseaux du bas de jambe, et aussi de la jambe entière la plupart du temps par la suite.
- Lors de toute la batterie de volée (balloné battu, jeté battu, brisé volé, échappé de volée, …), car elle se finit en coupé, comme le petit battement sur le cou de pied.
- Lors de toute batterie avec un changement ou un croisement de type entrechat, quelle soit finie sur un pied ou sur les deux.
L’exercice des petits battements sur le cou de pied est un exercice complet, précis et exigeant. Il ne laisse que peu de place à l’aléatoire, afin de préparer au mieux les défis techniques qui nous attendent au milieu.
Prochain article sur les grands battements